Les sorties de crise : comment les missions reprennent-elles après la fin du conflit ?

L’évolution des conflits redessine constamment la carte des activités archéologiques menées par la France à l’étranger. L’amélioration de la situation politique et sécuritaire par exemple au Cambodge il y a vingt ans, en Afghanistan et au Pakistan depuis une dizaine d’années, ou plus récemment au Kurdistan irakien permet la reprise progressive des opérations de fouille.

Des liens maintenus et progressivement redéployés

Les relations entretenues entre les archéologues français et leurs homologues étrangers ne cessent pas brutalement lorsqu’un conflit éclate. Au contraire, même si les activités de terrain doivent cesser pour un temps, l’activité scientifique et le lien avec les archéologues du pays sont maintenus via des publications communes, l’organisation de journées d’étude, la formation des étudiants et de professionnels du patrimoine. C’est grâce à la continuité de ce partenariat que les activités de terrain peuvent ensuite reprendre à la fin des conflits.

En temps de crise, le MAEDI s’engage en faveur du maintien de ce partenariat, en finançant ou co-finançant ces programmes de formation, en impulsant des actions diverses d’archivage, de numérisation et de modélisation, mais également en contribuant à des expositions et à des colloques avec les institutions partenaires. A la fin des conflits, le MAEDI joue également un rôle crucial en soutenant les initiatives adaptées à chaque situation.

C’est ainsi qu’au Cambodge, le MAEDI a œuvré dès 1991 pour la classification du site d’Angkor sur la liste du patrimoine mondial à l’UNESCO et accompagne depuis lors les autorités cambodgiennes en co-présidant depuis 1993 le Comité international de coordination pour la sauvegarde et le développement du site.

En Afghanistan, les contacts ont été repris à travers la muséologie au moment de la reprise des relations diplomatiques. Sur mandat du ministère, Jean-François Jarrige, alors Secrétaire général de la commission des recherches archéologiques et directeur du musée Guimet s’était rendu sur place pour contribuer à la restauration du musée national afghan (Kaboul), permettant sa réouverture en 2004. Cela a ensuite ouvert la voie à la reprise des activités archéologiques sur le terrain.

C’est cette collaboration étroite et continue entre différents acteurs, à la fois institutionnels et scientifiques, qui permet que des sites longtemps menacés voire fermés à toute opération de recherche soient réinvestis comme terrains de fouille à part entière.

Rendre pérenne la réhabilitation des sites et consolider l’histoire des peuples

Depuis le repérage et l’évaluation des dégâts, en passant par les étapes de fouille et de restauration, les équipes françaises présentes sur le terrain contribuent à leur sauvegarde matérielle. Ce travail de réhabilitation repose aussi sur une coopération étroite entre le MAEDI et les organisations internationales comme l’UNESCO ou le Conseil international des monuments et des sites : inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité, envoi d’experts sur le terrain…

L’enjeu de la réhabilitation post-conflit est capital car il assure la pérennisation d’une mémoire collective, à l’échelle régionale comme internationale. Face à ces défis nombreux, l’archéologie participe à plusieurs titres à une dynamique de (re)construction identitaire. A cet égard, les archéologues français s’investissent fortement dans la sensibilisation de la population locale et du grand public : création de musées sur les sites, livres et activités pédagogiques pour les enfants, réappropriation par la voie artistique (dessin, photographie, street art).

Ressources

- Le site de l’ICOMOS
- La liste du patrimoine mondial de l’humanité sur le site de l’UNESCO

Dernière modification : 22/04/2020

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