Interview avec deux élèves officiers de l’École Navale de passage à UBC

A l’occasion de leur passage à Vancouver pour leur Projet de Synthèse à UBC, le Consulat de France a rencontré l’un deux élèves pour en apprendre plus sur la formation de l’École navale de Brest.

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Pouvez-vous vous présenter ?

Inès : Je viens d’Aix-en-Provence. Après mon Bac S, j’ai intégré une prépa scientifique à Aix-en-Provence. Nous sommes tous les deux en troisième année à l’École Navale et nous sommes actuellement à Vancouver pour réaliser notre projet de synthèse.

Guilhem : De mon côté, j’ai suivi une prépa puis j’ai intégré Centrale. Après une année en tant que volontaire, j’ai rejoint l’École Navale pour deux ans de formation.

L’École Navale, reconnue comme école d’ingénieur, propose une formation de trois ans qui s’achève par la mission Jeanne D’Arc, cinq mois en mer. On peut y postuler via un concours pour officier sous contrat ou à la suite d’une classe préparatoire. L’école accueille aussi des élèves internationaux, en particulier d’Afrique et d’Arabie Saoudite.

Pourquoi la marine et l’École Navale ?

Inès : Je n’ai pas de militaires dans ma famille, mais j’ai eu une éducation assez stricte, ce qui m’a plu. J’habite à Aix-en-Provence, près du lycée militaire, et j’ai grandi dans cet environnement. Je n’ai pas été influencée par qui que ce soit ; je me suis renseignée, j’ai eu comme une révélation et j’ai trouvé cette opportunité géniale.

Guilhem : Alors moi, mon grand-père a fait toute sa carrière dans la marine marchande. C’est lui qui m’a inspiré et qui m’a fait faire mon stage de 3ème à la base navale de Toulon. J’ai adoré ça, puis j’ai un peu perdu de vue cet objectif, qui m’a rattrapé au cours de mon parcours scolaire.

Qu’est-ce qui est spécial à l’École Navale ?

Guilhem : Dans une école d’ingénieur, la cohésion est déjà présente, mais à l’École Navale, elle est décuplée. L’intégration débute par une phase où toute la promotion est isolée du monde extérieur. Ensuite, pendant un an, nous vivons à huit dans une chambre, disposant de très peu d’espace personnel. Toutes nos activités, des cours aux repas, se déroulent dans un unique bâtiment.

Inès : Si l’école offre un enseignement scientifique comme beaucoup d’autres formations, l’École Navale se distingue par son statut militaire. Cela signifie un parcours comprenant de l’aguerrissement, le maniement des armes, et une solide formation maritime. Nous sommes là pour s’immerger dans le rythme de la vie de marin. Tout, dans l’école – des infrastructures aux activités en passant par les contraintes – est conçu pour nous initier à la vie marine.

Comment apprenez-vous à naviguer ?

Inès : Il y a une partie formation voile pour acquérir les bases et le sens marin. Mais l’essentiel de la formation, se fait avec une partie théorique les 2-3 premiers mois d’école, puis directement en mer. On part pour une période de 2 semaines sur un bateau avec 9 élèves et 20 autres membres d’équipage. Cela représente très bien le fonctionnement d’un bâtiment de la marine nationale. On part très rapidement à échelle réelle.

Guilhem  : J’ai fait un an de VOA (Volontaire Officier Aspirant), pendant mon année de césure entre mon école d’ingénieur et l’École Navale. En bref, j’étais volontaire sous contrat pendant un an dans la marine et c’est là que j’ai appris les bases de la navigation sur un porte-hélicoptère amphibie. Les missions peuvent être très variées et c’est un bon moyen d’avoir une première expérience dans l’armée après ses études.

Qu’est-ce que vous faites à Vancouver ?

Inès : Nous terminons notre Projet de synthèse, obligatoire en 3ᵉ année. Nous avons trouvé un stage dans un laboratoire axé sur les technologies radio à UBC (University of British Columbia). On fait partie d’un projet dirigé par un doctorant, qui a pour objectif d’intégrer et de propager la technologie 5G à bord des bâtiments de la marine.

Guilhem : Ce qui est bien avec ce stage, c’est que ça permet de couper du monde militaire et de découvrir le monde "civil". C’est très bon pour l’épanouissement de toute la promotion.

Qu’est-ce qui a été particulièrement marquant tout au long de votre formation ?

Guilhem : Les corvettes, les périodes de 2 semaines en mer, sont des moments que l’on attend beaucoup, qui sont évalués et comptent énormément dans la formation. Ça fait toujours plaisir de réussir ces moment-là.

Les stages d’aguerrissement sont également très marquants. Notamment celui du mois de janvier, qui se déroule à Lorient dans le froid, pendant 5 jours, sous Sous encadrement des fusiliers marins. Ça pique un peu, on dort peu, on est sous-équipés, mais ça participe aussi à la cohésion du groupe. On en parle longtemps avant et on en parlera longtemps après.

Inès : Ce que j’ai adoré avec la formation, c’est que ça permet d’avoir des expériences incroyables que l’on ne peut pas retrouver dans le civil. Par exemple, je suis passionnée d’avion, et bien il m’a suffit d’être proactive pour avoir l’opportunité de voler sur les aéronefs de la marine. Certains ont passés leur stages de parachutistes ou plongée militaire.

On a aussi défilé le 14 juillet. Les élèves de l’école navale ont défilé en premiere partie de cortège. C’était une expérience incroyable, très exigeante mais qui là encore nous a permis de vivre autre chose. Les membres de la Marine ont la chance d’être logés dans des lycées à Paris ce qui permet de profiter de la vie en ville. C’était d’ailleurs une volonté de l’ancien CEM (Chef d’État-Major de la Marine) Pierre Vandier, que la semaine du 14 juillet soit un peu comme une escale pour les marins qui défilent.

Est-ce que vous voyagez beaucoup ?

Guilhem : Ça dépend. Sur les périodes de corvettes, en fonction de la météo et de la mission, on peut voyager dans d’autres pays. Par exemple, lors de la dernière corvette, on a fait un tour de 4 semaines de Brest à Stockholm, Helsinki et Gdynia en Pologne. Mais sinon, on ne voyage pas encore beaucoup.

Inès : Le prochain gros déplacement sera lors de la mission Jeanne D’Arc, où l’on fera une dizaine d’escales. Certaines années, le navire fait le tour du monde !

Avez-vous déjà un projet professionnel défini ?

Inès :
C’est ma question préférée ! Il y a énormément de postes à pourvoir dans énormément de spécialités différentes. Personnellement, je suis passionnée par les aéronefs, donc j’aimerais être pilote !

Guilhem : Je suis très intéressé par la filière énergie et j’aimerais travailler sur les bâtiments à propulsion nucléaire ! Dans une même formation, il y a énormément de projets différents, ça va du commando au sous-marinier au pilote.

Pour plus d’information voir le site de l’École Navale.

Dernière modification : 04/01/2024

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